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A sociologia elementar de Gabriel Tarde (1894)

A sociologia elementar de Gabriel Tarde (1894)

ATOS e GRUPOS (agentes, seres) SOCIAIS ELEMENTARES

  • Cette recherche est double comme toute recherche scientifique. II s’agit toujours d’étudier les phénomènes ou les êtres, et, pour cela, de préciser, en chaque ordre d’investigation, quel est le phénomène élémentaire ou quel est l’être élémentaire dont la répétition et la combinaison permettent de formuler des lois. […] Demandons-nous donc: 1o quel est ou plutôt quels sont les faits sociaux, les actes sociaux élémentaires, et quel est leur caractère distinctif; 2o quel est ou quels sont les êtres sociaux, c’est-à-dire – puisqu’ici être signifie groupe – les groupes sociaux élémentaires. (Tarde 1894:210)

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O FATO SOCIAL ELEMENTAR é A IMITAÇÃO

  • [L]e fait social élémentaire, c’est la communication ou la modification d’un état de conscience par l’action d’un être conscient sur un autre. (Tarde 1894:211)
  • Le caractère commun des actes sociaux, en effet, c’est d’être imitatifs. (Tarde 1894:211)

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O CASO DA INVENÇÃO

  • Quant aux actes qui consistent en une initiative nouvelle, en une découverte ou invention grande ou petite, ils ne sortent de la sphère individuelle, ils n’entrent dans le monde social qu’au fur et à mesure qu’ils se propagent par l’exemple et tombent peu à peu dans le domaine commun. (Tarde 1894:212)

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TARDE (neomonadologia) x DURKHEIM (ilusão ontológica, Ideia platônica, teoria da emanação)

  • La vérité est qu’une chose sociale quelconque, un mot d’une langue, un rite d’une religion, un secret de métier, un procédé d’art, un article de loi, une maxime de morale, se transmet et passe, non pas du groupe social pris collectivement à l’individu, mais bien d’un individu – parent, maître, ami, voisin, camarade – à un autre individu, et que, dans ce passage d’un esprit dans un autre esprit, elle se réfracte. L’ensemble de ces réfractions, à partir d’une impulsion initiale due à un inventeur, à un découvreur, à un innovateur ou modificateur quelconque, anonyme ou illustre, est toute là réalité d’une chose sociale à un moment donné; réalité qui va changeant comme toute réalité, par nuances insensibles; ce qui n’empêche pas que de ces variantes individuelles ne se dégage une résultante collective presque constante qui frappe tout d’abord le regard et donne lieu à l’illusion ontologique de M. Durkheim. (Tarde 1894:213-4)
  • Sans la préoccupation qui l’aveugle, notre auteur [Durkheim] verrait ce qui saute aux yeux, c’est qu’il vient de fournir une nouvelle attestation involontaire du caractère éminemment social ou plutôt socialisant de la répétition imitative. (Tarde 1894:214-5)
  • Il y avait, avant Champollion, force lois ou maximes égyptiennes qui n’étaient plus pratiquées ni connues depuis des milliers d’années, mais dont les formules étaient gravées en caractères hiéroglyphiques au fond de tombeaux gardés par des sphinx. Je voudrais bien savoir si cela suffisait à leur faire une existence réelle et à les élever au rang de ces faits sociaux transcendants que M. Durkheim érige au rang des Idées ressuscitées de Platon. (Tarde 1894:215-6)
  • M. Durkheim semble graviter vers quelque théorie de l’émanation. Pour lui, je le répète, les faits individuels que nous appelons sociaux ne sont pas les éléments du fait social, ils n’en sont que la manifestation. Quant au fait social, il est, lui, le modèle supérieur, l’Idée platonicienne, le modèle… (Tarde 1894:216)

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O FATO DA ASSOCIAÇÃO (coisas sociais como ondas)

  • Si l’on peut dire que ces choses sociales sont indépendantes de chacun des associés, en ce sens que, lui disparaissant, elles ne disparaîtraient pas, n’est-ce pas tout simplement parce que, à défaut de lui, elles ont pour réalité leur présence dans la conscience ou la mémoire de tous les autres associés? Je dis dans, car elles sont intérieures et nullement extérieures à ceux-ci; et, si elles commencent par être extérieures à chaque nouveau venu qui ne fait pas encore partie de l’association, elles entrent réellement en lui à mesure qu’il s’y incorpore et finissent par être ce qu’il a de plus intime, de plus propre, de plus cher. Il en est de la chose sociale, qui s’entretient et se perpétue par les consciences individuelles au travers desquelles elle évolue, comme de la vague de la mer qui traverse d’innombrables molécules et a l’air de les animer en vivant de leur force. (Tarde 1894:220)

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CONHECEMOS NOSSA CONSCIÊNCIA POR DENTRO (aqui o problema que Tarde compartilha com Weber)

  • Ici, en sociologie, nous avons, par un privilège singulier, la connaissance intime de l’élément, qui est notre conscience individuelle, aussi bien que du composé, qui est l’assemblée des consciences […]. Or, dans ce cas, nous constatons clairement que, l’individuel écarté, le social n’est rien, et qu’il n’y a rien, absolument rien, dans la société, qui n’existe, à l’état de morcellement et de répétition continuelle, dans les individus vivants, ou qui n’ait existé dans les morts dont ceux-ci procèdent. (Tarde 1894:222)

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PONTO DE VISTA SOCIOLÓGICO UNIVERSAL (antropocêntrico)

  • Je dis que c’est un privilège singulier, car partout ailleurs nous ignorons complètement ce qu’il y a
    au for intérieur de l’élément. Qu’y a-t-il au fin fond de la molécule chimique, de la cellule vivante? Nous ne le savons pas. Comment donc, l’ignorant, pouvons-nous affirmer que, lorsque ces êtres mystérieux se rencontrent d’une certaine façon, elle-même inconnue, et font apparaître à nos yeux des phénomènes nouveaux, un organisme, un cerveau, une conscience, il y a eu, à chaque apparition, création ex nihilo de ce qui naguère n’était pas, même en germe? N’est-il pas probable que, si nous connaissions dans leur intimité ces cellules, ces molécules, ces atomes, ces inconnues du grand problème si souvent prises pour des données, nous trouverions toute simple la mise en dehors des phénomènes créés en apparence par leur mise en rapport, et qui, à présent, nous émerveillent? (Tarde 1894:222-3)

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A EXPLICAÇÃO “COMPLETA” DO CONJUNTO ESTÁ NO ELEMENTO

  • Ainsi, dans le seul cas où les éléments nous soient connus, nous observons qu’ils portent en eux l’explication complète et la complète existence de leur composé. Que faut-il en conclure? C’est que […] nous devons, dans tous les autres cas, inférer qu’il en est de même. Et si j’osais, moi aussi, pousser à bout cette idée, si je m’aventurais à indiquer la refonte possible de la science universelle sous l’inspiration de la sociologie, peut-être serais-je conduit à mon tour dans des arcanes telles que la région leibnitzienne des monades, où, par tant d’avenues, de nos jours, semble converger la pensée chercheuse. Peut-être alors serais-je amené à dire qu’entre la fantasmagorie ontologique de M. Durkheim et notre hypothèse néo-monadologique, il faut choisir (Tarde 1894:223)
  • Le milieu, c’est la nébuleuse qui, de près, se résout en étoiles distinctes, de très inégale grandeur. J’aperçois bien des individus qui mutuellement s’influencent ou dont les uns se modèlent sur les autres; nulle part, je ne les vois nager ensemble dans cette sorte d’atmosphère subtile et imaginaire qu’on appelle ainsi [le milieu], et qui, comme l’éther en physique, mais avec beaucoup moins de raison, serait le factotum en sociologie. (Tarde 1894:227)

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SIMPATIA NATURAL, TENDÊNCIA À ASSOCIAÇÃO

  • N’est-il pas visible aussi, dans ces générations spontanées d’Etats neufs, qu’un fond de sympathie naturelle, de tendance à l’association, en dépit des passions égoïstes déchaînées, […] préside à leur naissance? (Tarde 1894:225)

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O GRUPO SOCIAL ELEMENTAR É O GRUPO DOMÉSTICO MATRIARCAL (matriz de solidariedade que se ampliará cada vez por mais grupos humanos num processo de internacionalização)

  • Après avoir recherché […] quelle est la nature du fait social élémentaire, demandons-nous quelle est celle du groupe, social élémentaire. Ce n’est point la même chose. Tout acte social, il est vrai, – parler, professer un obéir, danser, chanter, etc. – implique un rapport imitatif entre des hommes; les uns modèles, lés autres tous copistes, ou tous copistes mais rattachés à un antique modèle commun. Il y a un lien social, en ce sens, entre tous ceux qui parlent la même langue, qui font le même métier, qui pratiquent la même religion, qui commercent ensemble. Mais le groupe formé par chacun de ces liens considéré isolément n’a qu’une réalité incomplète et abstraite; le groupe concret et vivant suppose une superposition de plusieurs de ces groupes, un faisceau de plusieurs de ces liens, comme une corde se compose de beaucoup de fils tordus et mêlés. Et cela ne suffit pas. Il faut, en outre, au début du moins, pour que ce groupe soit vivant et fécond, qu’il s’ajoute à ces diverses espèces d’imitations autre chose, l’action de l’hérédité, le lien du sang vrai ou fictif, qui sert à nouer tout le reste. Ainsi, de même que nous avons du définir le fait social en termes essentiellement psychologiques, nous sommes forcés maintenant de définir le groupe social en termes à la fois psychologiques et physiologiques, qui mettent à nu ses racines profondes dans l’àme et dans la vie. (Tarde 1894:227-8)
  • Le matriarcat, remarquons-le, s’explique très biencomme la suite presque inévitable du mariage syndiasmique ou, plus généralement, de la polyandrie. (Tarde 1894:232-3)
  • En somme, nous voyons partout le lien vital de la génération servir à lier, à serrer vigoureusement, en groupe concret, réel, actif, le faisceau des liens sociaux. (Tarde 1894:233)
  • En effet, où les vivants, animaux ou hommes, ont-ils appris à marcher, à voler ensemble, à se suivre, à se masser, à s’unir, si ce n’est, tout petits, en suivant leur mère pas à pas, en s’abritant avec leurs frères contre leur père? Ainsi est né l’instinct du groupement, le pechant à emboîter le pas, à imiter. La famille est donc le berceau de l’imitation, parce que le premier et toujours le principal mobile de l’imitation a été la sympathie confiante et crédule qui, sans la piété filiale, sans le dévouement maternel, sans les tendresses domestiques, ne serait pas. (Tarde 1894:235)
  • En un mot, le lien physiologique, qui constituait le fondement principal des petites sociétés domestiquesde jadis, puis des tribus, puis des cités antiques, est encore le fondement essentiel des grandes sociétés nationales d’aujourd’hui. (Tarde 1894:238)
  • Ce développement graduel du cercle social génétique s’est accompli en même temps que l’agrandissement du cercle professionnel. (Tarde 1894:238)
  • Et ce que je dis de la communauté de travail, je pourrais le dire aussi bien de la cohabitation sur un même sol, ainsi que de la communion des croyances et de celle des volontés. Toutes ces diverses causes d’agrégation sociale existent en germe dès l’origine et se développent harmonieusement. Seulement, les dermières, celles qui ont une nature toute sociale, se développent beaucoup plus vite et vont beaucoup plus loin; de telle sorte qu’il vient un moment où, sous l’empire d’une grande autorité respectée, d’une foi ou d’une aspiration commune, d’une même civilisation, s’agrègent ou tendent à s’agréger en une sorte de vaste nation supra-nationale, telle que le monde romain, la chrétienté du moyen-âge ou la fédération européenne de demain, les peuples des races les plus diverses. Mais il ne s’agit pas ici de ce beau terme final où marchent ces développements sociaux d’un pas inegal quoique parallèle. Il s’agît de leur terme initial. Or, dès le début, le’fait d’habiter une même caverne ou une même palafitte, plus tard une même tente, et de parcourir une même région en nomades routiniers, aux invariables pérégrinations périodiques, s’est ajouté […] au fait d’avoir le môme sang dans les veines, pour constituer le groupe envisagé comme patrie (patria tellus). Dès le début, pareillement, nous venons de le dire, ceux qui se sont livrés aux besognes (tisser, coudre, traire, chasser, pocher, etc.) se sont sentis rapprochés par là. De famille en famille, les pêcheurs et les pêcheurs, les chasseurs et les chasseurs, les tisseurs ou plutôt les tisseuses et les tisseuses tendaient à former une même classe, pendant que leurs familles tendaient à former une même nation. C’était le premier pas vers l’internationalisme aussi bien que vers la nationalisation. (Tarde 1894:239-40)

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EVOLUÇÃO SOCIAL

  • La vérité est qu’il y a deux procédés difiêrents, à L’usage de l’évolution sociale, pour développer la famille en société, et que ces deux procédés peuvent être réputés antagonistes, l’un se réalisant aux dépens de l’autre; mais l’un et l’autre sont issus du groupe domestique primitif. Quel que soit ce groupe, monogamique polygamique, il peut s’étendre, soit par voie de simple accroissement et de complication intérieure; de là la tribu et le clan; soit par voie de colonisation extérieure et de fédération plus ou moins lâche ou étroite entre ses rejetons détachés et disséminés sur un territoire d’une certaine étude. Cette distinction rappelle celle des organismes monocellulaires, où l’unique cellule se grossit et se différencie intérieurement le plus qu’elle peut, et des organismes polycellulaires. En sociologie, d’ailleurs, comme en biologie, le second mode de développement est seul susceptible d’une haute ascension sur l’échelle du progrès. (Tarde 1894:230-1)
  • Dans les groupes unis par un lien spécial autre que la parenté, la même cause, le besoin de commune défense, produit des effets analogues. Quand le professionnel est menacé ou se croit menacé, on voit les ouvriers similaires de diverses provinces, de divers pays, former des syndicats, des congrès internationaux, où l’on se traite en frères, où l’étranger est assimilé au national. Quand le groupe religieux est menacé, les querelles de détail s’oublient, et, entre dissidents, on se traite de coreligionnaires. (Tarde 1894:232)

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O EXÉRCITO SE ORIGINA A PARTIR DAS FAMÍLIAS

  • La bande, la horde, le régiment, c’est l’élément, non de la société à proprement parler, mais seulement de la société militante, pillarde et meurtrière, de l’armée. Ce n’est point la répétition, la multiplication, le groupement des bandes ou des hordes, qui produit la nation; c’est la répétition, la multiplication et le groupement des familles. […] Des familles, ou plutôt disons des maisonnées. (Tarde 1894:234)

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PONTO DE VISTA SOCIOLÓGICO UNIVERSAL EMPÍRICO

  • Toutes les sciences se sont donné rendez-vous en sociologie, quoiqu’elle ait assurément son domaine bien à elle, mas nos pas un domaine en l’air, dans les brouillards de l’ontologie. (Tarde 1894:240)

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AS 4 VERSÕES DA SOCIOLOGIA (como física, biologia, psicologia e ideologia)

  • La sociologie peut être conçue, et elle a été conçue tour à tour: 1o comme une physique sociale (les économistes, Auguste Comte); 2o comme une biologie sociale (Spencer); 3o comme une psychologie sociale. Et chacune de ces conceptions a son côté plausible, bien que la troisième seule, à mon avis, soit aussi compréhensive que pénétrante. Mais la pire notion qu’on se puisse faire de notre science, c’est, je crois, de la concevoir : 4o comme une idéologie sociale. (Tarde 1894:240-1)

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CONDIÇÕES PARA SER SOCIÓLOGO (simpatia, curiosidade, empatia, altruísmo e esperança)

  • [L]a première condition pour être sociologue, c’est d’aimer la vie sociale, de sympathiser avec les hommes de toute race et de tout pays réunis autour d’un foyer, de rechercher avec curiosité, de découvrir avec bonheur ce que recèle d’affectueux dévouements la hutte du sauvage réputé le plus féroce, parfois même le repaire du malfaiteur; enfin, de ne jamais croire facilement à la stupidité, à la méchanceté absolue de l’homme dans son passé, ni à sa perversité présente, et de ne jamais désespérer de son avenir. (Tarde 1894:242)

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TARDE, Gabriel, 1894. La sociologie élémentaire. Annales de l’Institut International de Sociologie I:209-43.

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