Cobre em Simondon (2005)

Documents sur le transport dans les mines, d’après Muller, Roger et Frémont, Évolution de la fonderie de cuivre, p. 87 sq. (Simondon 2005:106)

Pour augmenter la puissance en conservant des aimants comme inducteurs, il faut à la fois multiplier le nombre des aimants (machine du professeur Nollet construite par la compagnie l’Alliance pour l’éclairage des phares, avec 48 aimants) et adopter une disposition mutuelle des aimants et des bobinages permettant de conserver un entrefer très réduit, en plaçant les bobinages à la périphérie de la jante d’une roue en cuivre (de Meritens) ou de rouleaux de bronze (Nollet). La machine de De Meritens [fig. 73 et 74] représente une des meilleures dispositions possibles pour les machines à aimants; elle est également destinée à l’éclairage des phares. (Simondon 2005:141-2)

L’alternateur de Gisbert Kapp [fig. 75], de 60 kVA, est excité par une dynamo placée en bout d’arbre; des électro-aimants disposés selon les génératrices du cylindre enserrent un rotor portant les bobinages. L’alternateur de Ferranti [fig. 76], de 150 à 650 chevaux, condensé au maximum les électroaimants de l’inducteur en employant des bobinages en forme de poire, juxtaposés en couronne; pour les basses tensions et les grandes intensités, le rotor porte un unique ruban de cuivre ayant la forme indiquée figure 77; pour les tensions élevées, il porte des bobinages en forme de poire comme ceux des électro-aimants. L’alternateur de Mordey comporte un induit de faible épaisseur, fixe, et un inducteur tournant [fig. 79] à bobinage unique. (Simondon 2005:144)

Cependant, l’inconvénient de la machine Gramme réside dans la relative discontinuité causée par le collecteur; le contact entre lames du collecteur et charbons (ou “balais” en cuivre des anciens ou petits modèles, présentés parfois sous forme de simples paillettes) crée une résistance ohmique et des frottements, d’où échauffement, usure et diminution du rendement global, ainsi que, accessoirement, des parasites pour la radiodiffusion et la télévision. Ces inconvénients deviennent importants pour les moteurs à forte puissance, recevant des intensités considérables, ou pour les moteurs très compacts comme ceux des lanceurs (démarreurs) de voiture; le collecteur prend une dimension considérable; les charbons doivent être remplacés, le collecteur rectifié au tour, périodiquement. (Simondon 2005:148)

Ce sont les alternateurs de ce type qui ont permis l’industrialisation à grande échelle de l’électricité; leur tension de sortie assez élevée – 6 000 à 10 000 volts – permet l’usage d’un unique transformateur élévateur pour envoyer l’énergie dans les lignes à haute tension de grande portée; leur puissance correspond à celle d’une unité de transformation thermique ou hydraulique (centrales thermiques et centrales hydrauliques) de grande dimension. Le goulot d’étranglement, pour l’industrialisation de l’électricité sous forme de réseau, c’était la nécessité d’utiliser le courant sous la différence de potentiel de la génératrice, avec le courant continu dont on ne pouvait abaisser la tension pour l’utilisation; pour de nombreuses raisons, on ne peut guère, dans les maisons, accepter de tensions supérieures à cent ou deux cents volts; or, les contacts du collecteur des génératrices de courant continu s’échauffent quand l’intensité (nombre d’ampères) augmente, les conducteurs aussi s’échauffent, et pour alimenter à basse tension un quartier d’une ville, il faut employer de véritables barres de cuivre dans des souterrains dès que la distance augmente entre le point de production et les points d’utilisation industrielle (par exemple entre une chute d’eau et une usine, entre les stations de production et les locomotives d’une voie ferrée ou d’un réseau métropolitain, entre une centrale à grande puissance et les dizaines de milliers de points d’utilisation dispersés à travers les villes et les villages); là encore, une invention née en milieu industriel sort du milieu industriel (comme ce fut le cas pour les trains) et se propage en réseau à l’extérieur. L’époque industrielle comprend deux phases; au cours de la première, la concentration industrielle opère la [248] genèse des machines utilisées dans le milieu industriel lui-même; lorsque cette genèse est assez complète, c’est à l’extérieur du milieu industriel que les techniques se propagent. On peut noter qu’une expansion en réseau réalisée avec des techniques incomplètement industrielles introduit une diversité qui, ultérieurement, agit comme frein sur une organisation complètement industrielle; ainsi les plus anciens quartiers des grandes villes sont depuis longtemps alimentés en électricité; mais on trouvait, il y a peu de temps encore, des quartiers alimentés en courant continu; actuellement, une partie importante de Paris ne dispose que de courant alternatif biphasé, et non du secteur triphasé si utile pour un grand nombre d’usages. Dans le même ordre de réalités, on peut se demander si l’écartement des voies ferrées, suffisant pour la largeur des locomotives et des wagons et pour des vitesses modérées, ne risque pas de devenir un goulot d’étranglement pour le développement des vitesses élevées. (Simondon 2005:247-8)

SIMONDON, Gilbert. 2005. L’Invention dans les techniques. Paris: Éditions du Seuil.